sábado, 16 de julio de 2016

Lettre de Gérard Depardieu à Maurice Pialat

[Sans date]




Entre toi et moi, c’est à la vie, à la mort. Nous sommes comme deux chefs de bande obligés de partager le même terrain vague. Nous vivons dans un état de paix fragile. Il y a eu des guerres, il y en aura d’autres. Tu sais très bien qu’on ne peut pas s’en passer, que c’est plus fort que nous. Tu es un taureau, un vrai taureau de combat. Quand on se rencontre, on entend parfois le bruit des cornes. Tu peux rire… Je ne sais lequel d’entre nous souffre le plus de nos séparations. Je ne sais pas qui est le plus jaloux. Et dire que la jalousie, je ne connaissais pas, je ne croyais jamais connaître. Et la nôtre, elle est carabinée, incurable, intenable. C’est une jalousie de ventre à ventre, une putain de jalousie qui ne vous lâche pas, une vraie rage de dent. C’est peut-être bien toi, après toi, qui as eu mal le premier. Cela doit être toi qui as commencé, si je puis dire.
On s’était donné rendez-vous au « Deauville », sur les Champs-Élysées. Tu étais venu discrètement me voir jouer au théâtre. Tu voulais me proposer quelque chose. Tu avais déjà une sacrée réputation. Coléreux, impossible, certains disaient même que tu étais carrément fou. Je te le dis ! Les réputations, moi, cela me connaissait. À Châteauroux, je me trimbalais dans les rues avec, je me prenais les pieds dedans. On ressemble rarement à sa réputation. J’ai toujours eu beaucoup de mal à coller avec ce que l’on disait sur moi !
Tout de suite, on a eu l’air de se plaire. On se parlait facilement comme si l’on avait déjà l’habitude l’un de l’autre. Je n’ai pas eu besoin de composer avec toi, de jouer au mec qui connaît bien son job : « Bon, ouais, qu’est-ce qu’il y a à faire ? Ça ? O.K., c’est bon, je peux le faire, c’est sans problème. On commence quand ? Il y aura beaucoup d’extérieurs ?… » De ton côté, tu ne cherchais pas à me « vendre » le film du siècle, à me faire miroiter le rôle d’une vie. Tu avais déjà le goût de l’autodépréciation. Plus tu parlais, moins tu le sentais ton film. À la fin, il t’échappait complètement. « Finalement c’est pas ça, c’est pas bon, c’est ce que je croyais… » Il s’agissait de La Gueule ouverte, un chef-d’œuvre en passant. Et puis, il y a eu un problème de date Bertrand Blier m’a pris pour Les Valseuses. Il était venu un peu avant toi. Nous n’avons pas pu travailler ensemble. Philippe Léotard m’a remplacé. Le tournage de Loulou, avec ce faux départ, était déjà commencé, avant même qu’il existe dans ton esprit.
Ce tournage bon sang ! Tu me l’as fait payer ma trahison. Je connaissais les coups de boule et les coups de latte, les poings américains et les chaînes de vélo, cela ne m’a pas empêché d’en prendre plein la gueule ! Tu avais l’art de toucher là où ça fait mal, d’inciser les névroses à vif, d’éclairer d’une lumière crue les faiblesses les plus soigneusement cachées. Chapeau ! Alors évidemment, hé me suis défendu comme j’ai pu. À la sortie. C’est un peu ça, je t’ai attendu à la sortie. À la sortie de Loulou. J’ai craché ma douleur, ma révolte à la presse. Je ne regrette rien. Ce n’était pas une mauvaise violence. Il fallait que je frappe moi aussi. Mais tu avais bien eu raison de m’envoyer valser dans les cordes. J’étais à l’époque un acteur un peu connard. Cela n’arrangeait rien. J’avais vingt-sept-vingt huit ans, je vivais en roue libre, sur la lancée des Valseuses. Je ne me prenais pas pour de la merde. Figure-toi que j’ai attendu deux ans avant de voir Loulou. À la projection, j’ai tout compris. Toi aussi sans doute. On aurait bien du mal à se passer l’un de l’autre.
Police fut plus qu’une simple et banales réconciliation. Nous avons connu un véritable état de grâce, des nuits de noces. C’est à ce moment-là que j’ai ressenti ma jalousie. Elle venait par vagues, par bouffées. Je me disais : « Merde, Qu’est-ce qui m’arrive ? » J’étais exactement comme une jeune femme. Je ne me suis jamais senti aussi féminin que devant toi. J’étais jaloux de tout, de Sandrine Bonnaire, de ta liberté sur le plateau, de ce que tu osais faire avec une caméra, du temps que tu prenais. J’étais malheureux de ne pouvoir partager ton secret, ta part maudite. J’aurais voulu être artiste à deux.
Quand je tourne avec un autre metteur en scène, quand nous sommes loin l’un de l’autre, entre deux prises, si je tends l’oreille, je peux entendre ta douleur. Tu n’es pas quelqu’un qu’on peut rassurer avec un coup de fil, quelques formules de politesse, un « j’t »embrasse » ou un « on se voit à Paris dès mon retour ». Tu ne peux jamais dire quelque chose d’anecdotique, d’inutile. Entre nous, il n’y a jamais de déclaration d’amitié, d’échange effréné de compliments. Le compliment, c’est une chose encore trop civilisée. On n’a pas de vapeurs. Nous avons des grognements pour nous comprendre, pour nous rassurer.
Sur un plateau, tes colères sont respectées. Elles n’ont rien de chimique, tu n’est pas Clouzot semant la terreur parmi les comédiens. Tu piques une crise quand une scène résiste, lorsque tu butes sur un détail. En analyse aussi, on passe son temps à buter sur des détails apparemment anodins, mais qui au bout de la troisième séance se révèlent essentiels, décisifs pour la suite du « voyage ».
En dehors du cinéma, au-delà des belles sensations que nous avons éprouvées ensemble avec le succès de Police et l’aventure du Soleil de Satan, il y a nos plages de silence, la vie comme elle vient, cette haie de pommiers qu’on s’était promis de tailler ensemble. Au moment de retrousser les manches, on s’est rendu compte qu’elle mesurait facilement deux cents mètres. On ne s’est pas dégonflés, on y a mis le temps, mais on a tenu bon, jusqu’au bout. Eh bien, des haies de pommiers, mon Maurice, on n’a pas fini d’en tailler ensemble. Tu peux déjà cracher dans tes mains en attendant !

viernes, 15 de julio de 2016

Lettre de Tchekhov à Grigorovitch



28 mars 1886





Votre lettre m’a fait l’effet d’un coup de tonnerre. (…) Mes proches parlent avec dédain de mes gribouillages qui ne devraient pas me faire abandonner mon véritable métier. J’ai à Moscou des centaines d’amis, dont plusieurs dizaines d’écrivains, mais autant que je m’en souvienne, jamais aucun ne m’a considéré comme un artiste. Il y a ici des ainsi nommés « cercles littéraires » qui réunissent des gens de talent et beaucoup de médiocres. Si je leur lisais quelques lignes de votre lettre, ils me riraient au nez. Depuis cinq ans que je cours les rédactions, l’attitude des autres m’a incité à regarder mes textes avec beaucoup de dédain. (…) Pardonnez-moi cette comparaison, mais votre lettre a eu sur moi le même effet qu’un ordre du gouvernement de « quitter la ville dans les vingt-quatre heures ». Je veux dire que j’ai ressenti aussitôt le besoin absolu de quitter un chemin où je m’enlise.





jueves, 14 de julio de 2016

Jorge Edwards: “El enemigo del novelista es la familia”


El escritor chileno Jorge Edwards. BERNARDO PÉREZ
Jorge Edwards te puede contar un drama sin mover un músculo. Impertérrito, ha pasado por las más significativas contradicciones de nuestro tiempo como si hubiera sido puesto ahí para contarlas. Su vida en Cuba como enviado de Allende, su cercanía amistosa y profesional con Pablo Neruda, su trabajo en el servicio exterior chileno y la excéntrica biografía de algunos de sus más peculiares parientes han sido asuntos de su narrativa, por la que obtuvo en 1999 el premio Cervantes de Literatura. A los 85 años, este viajero tranquilo ha elegido un lugar perfecto de Madrid para trabajar en silencio: al lado de la Audiencia Nacional, donde los presuntos delincuentes comparecen por la mañana y los magistrados no hacen ruido. Después de mucho ajetreo vital, este es el reposo de un hombre que en otros tiempos quizá hubiera sido un espía de De Gaulle o un amigo de Joyce o de Graham Greene.
Ahora ha encontrado en María Edwards MacClure, una tía suya, materia de su narrativa personal. Es ficción tan solo en parte, pues la tía existió, fue una benefactora que salvó del hospital Rothschild de París a muchos niños judíos recién nacidos que iban a ser víctimas de la voracidad de los jefes nazis que habían invadido París. Y no sólo existió la tía, sino que él se hizo con multitud de elementos biográficos (cartas, fotos, testimonios, un diario) que le dan a esta historia, La última hermana (Acantilado), el perfil de una obra mayor sobre lo que ocurrió de verdad, en su miseria trágica, en su dimensión más humana, en aquellos años en que el terror nazi heló la sangre de París y de Europa y convirtió en heroína a aquella chilena pariente de Jorge Edwards que llegó millonaria a la capital de Francia y volvió pobre a Chile.
En el libro hay un leitmotiv, las alfombras lujosas de María Edwards MacClure. Resulta que Goering, el delegado del mal, era un apasionado de las alfombras y quiso la más preciada de las que María exhibía en su casa. Ella se negó a venderla, o a regalarla, a pesar de las amenazas del líder nazi. Jorge supo cuando ya había terminado su libro que cuando la guerra acababa “alguien le contó a María que Hitler estaba tan loco que se estaba comiendo las alfombras. Y es cuando María dice: ‘Ah, ¡por eso querían las mías, para comérselas!”.
No es el primer pariente de la bibliografía de Edwards. Escribió también un libro sobre su tío Joaquín (El idiota de la familia; Alfaguara, 2004), que era un escritor célebre. “Con María fue distinto. Yo llegué a París en 1962, de último secretario de la embajada chilena. Ella había regresado a Chile dos años antes, pero en París se hablaba mucho de ella, porque tuvo mucha afición por la literatura, tuvo amistad con Colette, con Marcelle Auclair, incluso con los escritores nazis, con Ernst Jünger…”. A Edwards le rondó la historia desde entonces. Cuarenta años después se encontró en Chile con la nieta de María. “Me dio detalles de aquellos niños salvados y de sus conversaciones con las autoridades judías de París, que estaban al tanto de la heroicidad de María. Y me llevó a una ceremonia en la Fundación Rothschild donde rendían homenaje a quienes habían salvado a niños judíos de las garras nazis”.
La novela, cuya base es biográfica, es una metáfora de la II Guerra Mundial. “Lo más notable es que María pertenece a la rama más rica de la sociedad chilena; son los dueños de [el diario] Mercurio, es la última de 14 hermanos, y se marcha, no quiere volver a Chile, le molesta toda esa protección. Y cuando entran los nazis y ella se ve defendiendo a los niños, experimenta una transformación. No entiende la política, ni el nazismo, pero reacciona con una gran compasión”. Esa es la conversión que le interesó al novelista. “Y como la familia Edwards en Chile es una familia que tiene una raíz oligárquica, me decidí a reivindicar a una persona que la familia no quería rescatar. La familia me llegó a escribir una carta diciendo: ‘Jorge, ¿por qué no dejas descansar tranquila a María? No queremos ni saber del tema’. Todo porque era un tema de compasión y porque su última pareja, René, con el que fue a Chile, era muy incorrecto socialmente, no lo podían tolerar, primero por judío, segundo por republicano que escapó de España al final de la guerra y tercero por bisexual. Era un tipo muy gordo, muy simpático y muy inteligente que se suicidó en Chile”.
—¿Qué dice de usted mismo este libro?
—Que no soy un escritor especialmente interesado en lo corrompido, en lo sucio. Me conmueve y me gusta la compasión de esta mujer sencilla. Y en seguida lo relaciono con el orden y el desorden de mi familia, de mi infancia… Joaquín, María y yo somos los disidentes de la familia. La transgresión siempre me ha interesado, la ruptura del orden, ese enigma de los bloques familiares. Thomas Mann decía que todas las novelas son historias de familia…
"En las novelas no me gusta que se diga menos de lo que sabe el novelista, ni que se diga más de lo que sabe el novelista”
—¿Y ese personaje chileno que es María es un arquetipo chileno o es excepcional?
—Yo escribí La mujer imaginaria. Esa mujer se parece a María. Es un tipo de chilena que se aparta, que se va. A Madrid, a París. Neruda me decía en París que no había que decir cherchez la femme, había que decir cherchez le chilien… Siempre había una chilena así en cualquier sitio. Por ejemplo, la mujer de André Breton, que provenía de una familia de judíos joyeros. Cuando empieza la guerra, Chile no rompe relaciones con los alemanes, y ellos se van a Nueva York. Allí ella encuentra a Breton, exiliado también. Va con una amiga francesa a un bistró y enfrente están Breton y Duchamp. Dice que durante toda la comida se miró con André. Al día siguiente ella volvió sola, y Breton también volvió solo. No se separaron jamás. Me lo contó cuando murió Breton y ella se quedó sola. María se le parece.¡Cherchez le chilien!
María se reunía en París con Colette, con Picasso, con Marcel Duchamp, y además hace su trabajo en el hospital. “Ella tiene una relación curiosa con la resistencia francesa. No es tan inocente. La resistencia comprende que está trabajando de una forma que les interesa y le pone un enlace. Sabe el peligro que corre. Canaris, que luego sería represaliado por el atentado contra Hitler, la salva in extremis; él conocía a su familia de sus tiempos en Chile y la protege de los suyos…”.
Edwards sabe muchas más cosas que las que están en la novela, por ejemplo aquella anécdota cuando María recuerda que Goering le quería arrancar su más preciada alfombra… “Pero en las novelas no me gusta que se diga menos de lo que sabe el novelista, ni que se diga más de lo que sabe el novelista”. ¿Por eso no completa aquella anécdota sobre Hitler devorando alfombras? “Claro. Cuando ella dice ‘por eso querían quitarme la mía’ y se ríe, muestra el humor que tenía. El humor chileno, ¡quizá el humor Edwards!… En el diario que guardan sus parientes descubrí un detalle que uso en la novela: ella tomaba gin con ginger ale, tenía sus amores… Algunos de esos amores evoco, lo que me supuso la reconvención familiar: ¡no digas eso! Eso confirma mi tesis de que el novelista tiene que romper con la familia. El gran tema de los novelistas es la familia. Y el gran enemigo, ¡la familia!”.

lunes, 11 de julio de 2016

“LA GENTE INTELIGENTE, HOY, CALLA” Una conversación con Pepe Ribas

Pepe Ribas (Barcelona, 1953) vive una buena parte del año apartado del mundo en una casa —rehabilitada sin arquitecto— situada en las profundidades del Empordà, a la que se llega después de conducir por unos estrechos y desnivelados caminos de tierra. Hoy llueve y el paisaje campesino desprende un matiz nostálgico y tenebroso, ideal para que aparezca en el lugar el fantasma de los ochenta. En ese hogar Ribas encuentra el tiempo necesario para reflexionar, leer, escribir y pasear por los alrededores. Y allí han escrito sus obras autores como Eugenio Trias, Jordi Esteva, Luis Sepúlveda, Cristina Fernández Cubas o Jorge Carrión, siguiendo con la costumbre de compartir espacios y conocimientos que practica desde que fundó en 1974 Ajoblanco, la revista contracultural española por antonomasia, cuando él tan solo tenía 21 años. Proveniente de una familia de la alta burguesía, entonces Ribas rompió con casarse, con tener hijos y con vivir de una determinada manera a cambio del camino de la libertad. La primera etapa de Ajoblanco finalizó en 1980 —está recogida en su libro Los 70 a destajo: Ajoblanco y libertad— y la segunda abarcó de 1987 a 1999. Esta revista puso por primera vez encima de la mesa conceptos como el ecologismo, los movimientos de liberación sexual, la antipsiquiatría, los viajes baratos, las comunas y el nuevo anarquismo. Ahora Ribas acaba de terminar de hacer un inventario de todo el archivo Ajoblanco —15.000 fotos, 4.000 fanzines, 70.000 cartas, 3.000 vidas sexuales de españoles de los setenta—, el cual tiene guardado en una de las estancias de la casa, la que da al patio y por la que pasea un gato gris. La entrevista, en cambio, tiene lugar en los sofás de una sala espaciosa.
¿Después de Ajoblanco hay un desierto o alguien les ha cogido el relevo?
Yo creo que hay un desierto. Las drogas de diseño de los noventa fueron demoledoras para una generación. Y luego con Internet ya es complicado.
¿A través de Internet, Ajoblanco no tendría la fuerza que tuvo?
No, porque el primer Ajoblanco fue una revista hecha por los lectores y el segundo fue para crear cultura y criterio. Para mí es mucho más importante el segundo Ajoblanco que el primero, aunque se ha hablado mucho más del primero que del segundo. El segundo iba en contra de esa aculturación y neo-analfabetismo que existe en las sociedades española y catalana a causa del fracaso de los planes educativos. El primero era de contacto humano, no había periodistas. Nos hicimos periodistas con el tiempo. Piensa que participaron tres o cuatro mil personas. Todo eran cartas que se convertían en reuniones, reuniones que se transformaban en colectivos, colectivos a los que dábamos trabajo para crear dosieres y dosieres que provocaban números especiales temáticos. Y en algunos casos, hasta nuevas publicaciones como la primera revista de ecología (La Alfalfa), o La Bañera Literaria. En cambio, en Internet no hay contacto humano. Antes venía la gente a la redacción, íbamos en autobuses, en autostop, todo el mundo compartía casas y el concepto de dinero era muy distinto al de ahora, ya que con el diez por ciento de lo que ganaba un cartero de Correos podías alquilarte un piso en El Eixample. No había miedo al otro, no había atracos, no había aparecido la heroína. Te ibas en autostop sin dinero a la India. Y podías ir por tierra porque no había guerra ni en el Líbano, ni en Siria, ni en Afganistán ni en Pakistán. Fíjate si ha cambiado el mundo.
Ha cambiado mucho, sí. ¿El segundo Ajoblanco también lo hicieron los lectores?
Lo hicimos para un país que no existía. Pero no conseguimos cultivar a la gente hacia la dirección que nosotros pretendíamos y acabó todo en pastilleo y cultura techno. Pregunta a Antonio Baños o a Irina Miranda, por ejemplo. Baños era mi heredero en Ajoblanco, pero desaparecía una semana de la redacción y tan tranquilos todos. ¿Por qué? Por el hedonismo. La cultura hedonista se metió por todos lados. Al final del documental Ajoblanco, crónica en roig i negre, Baños explica que empezaba un buen momento para Ajoblanco en el 2000 porque entonces surgió la globalización. Pues no estoy de acuerdo. En los noventa también hubo la ocupación del cine Princesa, el movimiento okupa de tercera generación, y los movimientos contra la guerra y a favor de una educación de más calidad. Ajoblanco murió porque la gente dejó de leer. Y yo no quería promocionar a creadores que se habían vendido al mercado, que ya no estaban creando por necesidad vital, que lo estaban haciendo porque era un negocio. Muchísimos escritores de finales de los noventa que ahora están consolidados en realidad tienen muy poco interés y nadie se atreve a decirlo. El mundo literario español y catalán es muy pobre. Y el mundo artístico y creativo también. No da para hacer un Ajoblanco. Yo ahora crearía espacios en blanco para llenarlos de comunicación, de debate. Pero no para conseguir el poder, sino para debatir los unos con los otros, para escucharnos. Viajo constantemente a Sudamérica y he tenido unos debates en Chile que aquí sería imposible que se diesen. Es otro nivel.

Antes ha mencionado el pastilleo como una de las causas de que no fuese posible crear ese país que pretendía el segundo Ajoblanco. En otra entrevista también contó que fue la policía la que introdujo la heroína para acabar con los ateneos libertarios.
En las clases pudientes la heroína entró por otro lado, pero en las clases populares la introdujo la Guardia Urbana en Barcelona, la Guardia Civil en el País Vasco y la Policía Nacional en Madrid.
¿Las drogas tuvieron algo positivo también?
Sí, claro. Pero la droga no te puede dominar a ti, tú eres el que la tienes que dominar a ella. La tienes que usar para subir tú, para abrir tu mente. Sobre todo los ácidos. Un éxtasis bueno es como un psicoanálisis en cuarenta y ocho horas. Sobre todo con chamán. Pero actualmente no encuentras éxtasis buenos. Y lo que tú no puedes hacer es que cada fin de semana sea un viaje, ya que entonces destruyes el poder de cambio que tiene la droga, creas una rutina y te destruye el cerebro. Lo que pasó en los noventa es que la gente se destruyó mucho la cabeza con la coca y las pastillas de diseño, y esto ha tenido continuidad.
¿Qué opina de actuales generaciones de jóvenes? ¿Estamos luchando para cambiar las cosas?
En este momento veo que entre la gente joven hay mucha disparidad. Yo fui al 15-M y lo que me gustó es ver a chicas muy jóvenes sentadas en las plazas que me decían “¿te das cuenta? Estamos hablando de cosas que nos daba vergüenza sacar entre nosotros y además es gratis, no estamos consumiendo nada. Este ocio es gratuito”. Hombre, es que esto es ocio, no negotium. Todo ocio que es negocio es negatus otium. Hay que volver a la cultura humanista, pero desgraciadamente estamos yendo directos a la catástrofe, a una competitividad tremenda, a una concentración de poder brutal en la que todo se reduce a carretera y electricidad. Si tú bloqueas las carreteras y quitas la luz, el mundo se acaba, cosa que antes no ocurría. Lo mismo pasa en la cultura. En este momento los criterios de edición de las grandes editoriales ya no los llevan los editores, sino los departamentos de marketing. Hay marketing, hay best-seller, hay producto. Pero no hay obra. Tienes que ir a las editoriales pequeñas para encontrar grandes libros, aunque tienen poca publicidad porque cuestan mucho de leer. Pero es que leer cuesta. Necesitas una concentración y un espacio mental que hoy en día con tanta información y ruido es complicado de encontrar. Por eso yo vengo aquí para estar apartado del mundo. Necesito tener distancia para poder concentrarme como activista, que al fin y al cabo es lo que soy. A un libro de cuatrocientas páginas, por ejemplo, le dedico dos semanas.
¿Qué le interesa del mundo literario español actual a pesar de todo?
Leo muy poco a españoles. Me he distanciado mucho. Leo más a argentinos, mexicanos o clásicos centroeuropeos.
¿Por qué?
Porque me entretienen más o me gustan más o descubro cosas que me interesan más. Y porque la literatura española es muy endogámica. Leo veinticinco páginas y me aburre. De todas formas, empecé a leer con mucha pasión a Marina Garcés y me interesan cosas de Amador Savater, por ejemplo. Quizá la literatura española es muy algebraica, busca demasiado la forma y eso provoca que se pierda el contenido. Además formalmente los lenguajes los encuentro muy aterciopelados. También me interesó mucho Ignacio Martínez de Pisón en un momento dado o Enrique Vila-Matas tiempo atrás. Javier Marías me interesa leerlo suelto, sin buscar argumento, por el lenguaje que tiene. Y también me agradó Intemperie de Jesús Carrasco. Pero una novela como El amor en los tiempos del cólera de Gabriel García-Márquez me cuesta encontrarla.

¿Barcelona ha sabido conservar el legado del boom latinoamericano?
Piensa que el boom latinoamericano se basa en dos autores: en Gabriel García-Márquez y en Julio Cortázar. Cortázar vivía en París y era argentino. García-Márquez era colombiano, editó en Argentina, vivió su última etapa en México y se publicitó en Barcelona. Había una unidad en el mercado latinoamericano que Carmen Balcells y Planeta quebraron para hacer rentables a los autores a base de muchos contratos. Pero eso tuvo la contrapartida de que creó una fragmentación del interés de la literatura en español. Porque lo que se editaba en Argentina no se leía en México, ni en Uruguay, ni en Colombia; lo que se editaba en Chile no se leía en Argentina; lo que se editaba en México quizá se leía en Guatemala y en Costa Rica, pero ya no se leía ni en Perú ni en Chile. Se rompió la unidad de mercado y dejó de haber revistas masivas en el área. Creo que la última fue Ajoblanco. Yo pienso que la cultura siempre ha de ser no-minoritaria. Debe tener varias capas sociales que lean algo, no solamente la élite. Este fue el gran logro de Ajoblanco o de Cerdos y Peces, o de El Porteño. En estas publicaciones ha empezado todo el mundo. Se meten en lo popular. Son muy importantes porque mezclan, y de la mezcla nace la riqueza cultural. Todo esto está en crisis, a pesar de Internet y los foros y los blogs. Allí hay tanto que no puedes llegar a todo. Tiene que haber una labor de catalogación, de orden.
Alguna vez ha comentado que tiene que suceder antes la revolución cultural-educativa que la política. Quizá ahora se está probando de hacer al revés.
Y fracasará. Pla decía que España era el país de la envidia y que Catalunya era el hospital de cuidados intensivos.
¿Hace falta que alguien ponga encima de la mesa las herramientas para cambiar la sociedad como hicieron ustedes con Ajoblanco?
Yo creo que la gente en este momento no escucha. La gente que escucha, la gente inteligente, actualmente calla. Grita poco, habla poco. Hay cultura, pero está en los márgenes, ya que la motivación es muy poca. No puedes participar en esta especie de festival. El 15-M ha sido instrumentalizado por gente muy jerárquica que está bien, pero que en muchos casos me recuerda a las asambleas de los años 71-72-73 en las facultades de Derecho y de Filosofía de cualquier ciudad española.
¿Entonces no está de acuerdo con las propuestas del 15-M?
No es que no esté de acuerdo, es que son muy primitivas.
¿Según usted qué se tendría que hacer para darle la vuelta al país?
Cultura. Cultura en serio. Faltan estudios, falta rigor y falta memoria. Mucha memoria. La memoria es esencial para no repetir los errores del pasado. La Transición fue un momento muy complejo en el cual hubo muchas fuerzas distintas, pero se ha explicado muy mal. Lo que pasó es muchísimo más complejo que lo que cuentan Pablo Iglesias o Marina Garcés. Hay muchas deficiencias en su discurso y se ha perdido la posibilidad de hacer realmente un cambio cultural y educacional.
¿De las políticas de Pablo Iglesias, Manuela Carmena o Ada Colau hay algo que le interese?
Sí, estoy observando. Pero por el momento creo que están más pendientes del poder que de la transformación real. Hay que transformar las consciencias y las mentalidades; también las costumbres. Que exista el matrimonio gay o que la mili haya dejado de ser obligatoria no sería posible sin Ajoblanco. O la conciencia ecológica. Cuando nosotros empezamos a hablar de ecología los comunistas-marxistas-leninistas nos decían que la ecología era una cosa de niños ricos para distraer la lucha de clases. Esto lo decía Manuel Vázquez Montalbán, está escrito. Entre muchos pudimos cambiar una mentalidad colectiva, pero sin embargo, no lo suficiente como para que todo el mundo pudiese adquirir una cultura política que permitiese una cultura crítica. En la burbuja ha participado muchísima gente, millones de personas. Ha tenido lugar una burbuja cultural, económica, informativa, etcétera, y muy pocos lo hemos criticado. Por otro lado, Ada Colau es una intuitiva, no es aritmética. Se está convirtiendo en la nueva Agustina de Aragón. Es social y defiende los pequeños colectivos que luchan por cosas concretas.
¿Cree que de momento ella está siendo consecuente con el discurso previo a ser alcaldesa de Barcelona?
Una cosa es la idea que tú tienes cuando eres minoría y eres un partido, y otra cosa es cuando tú gobiernas a toda una comunidad. Tienes que ceder porque gobiernas a un cien por cien. En este país lo que pasa es que no somos lo suficientemente demócratas como para enterarnos de lo que es la democracia, la cual permite que haya minorías. De momento ella tiene bastante dignidad, pero en su equipo hay gente de quien no me fío un pelo, aunque prefiero no decir nombres.
¿No se le ha pasado por la cabeza crear algún nuevo medio en Internet para profundizar sobre todo esto?
Es que estoy escribiendo mis libros.

Tienen preferencia.
Sí. Ahora quiero escribir libros, ya he sufrido demasiado. Yo en Internet me imprimo lo que me interesa, pero después lo intento recuperar y no lo encuentro. En Internet no hay autor y eso hace que sea muy difícil rescatar algo que has leído porque después no sabes de donde ha salido. Yo leo y estudio a la vez, me gusta mucho la historia. El segundo Ajoblanco transformó mucho mi escritura. Yo entrevisté a más de cien personajes de estos y para cada entrevista empleaba un mes, ya que eran entrevistas muy largas en las que convivía con el autor. Me volví muy cronista, hacia grandes reportajes de ciudades latinoamericanas.  En Encuentro en Berlín, mi última novela, hay mucho de cronista.
¿Tiene en mente alguna próxima novela?
Sí.
¿A través de la novela pretende contar cosas que no puede a través del periodismo?
La novela en sí misma es una aproximación a un mundo que te gustaría que fuera o que no fuera. No hay una exactitud y yo soy muy riguroso. Me documento mucho y contrasto mucho. Y de repente la ficción te permite inventar, aunque soy muy intuitivo. Tengo una enorme capacidad de intuición. Lo de Pujol, por ejemplo, lo escribí en el año 94. Todo lo que está pasando ahora está escrito.
¿Porque tenía pruebas o porque era una intuición?
Porque tenía pruebas. Sé deducir. Si tú coges un papel y me das veinte piezas de un puzle de mil, te lo reconstruyo. Un nacionalista que destruye su país, ¿cómo puede ser nacionalista? Esta es la primera pregunta. Yo voy mucho a Alemania. La arrasaron, pero está toda reconstruida. Tú vas por el campo alemán y ves los pueblos reconstruidos según la tradición. En cambio, en Catalunya ya no queda ningún pueblo pescador y los pueblos de montaña se los han cargado. No queda nada que sea memoria viva. Esto es el pujolismo. ¿Entonces cómo puede ser? A partir de observar lo que pasa a tu alrededor y poderlo comparar con lo que ocurre en otros lugares te das cuenta que todo era una tomadura de pelo, una estafa. La corrupción de Pujol la conocían desde hace mucho tiempo tanto La Vanguardia como El Periódico. Había que ir a buscar la estafa. Y te das cuenta que, por ejemplo, el 1 de enero de 1980 en Catalunya había economía productiva industrial y que cuando se fue Pujol, en cambio, el ochenta por ciento de esta industria había desaparecido y todo eran servicios. Y los servicios significan dependencia.
¿Como el turismo en Barcelona?
Si ahora tuviese veinte años, en vez de fundar Ajoblanco huiría de aquí. Me iría corriendo. En el pasado ya me fui a los veintisiete porque me daba cuenta de lo que estaba pasando. Barcelona siempre ha sido una ciudad sin Estado, laica, del ciudadano y de muchas iniciativas civiles, con muy poca Administración. Así que cuando yo me di cuenta que la gente joven lo que quería era trabajar en La Caixa o ser funcionaria en La Generalitat vi que Barcelona se había acabado. Esta ciudad necesita esa sociedad civil independiente y viva, que debatan unos con otros. Y ahora, en cambio, está todo tomado por el dinero público. Y éste ha pactado con un sector económico, el turístico, que crea un país de camareros, de putas y de ocio, pero no crea un país de artesanos como lo fue Catalunya a principios del siglo XX. Los artesanos provocaron el Modernismo y el Noucentisme. Ahora está todo dirigido por los que controlan el dinero público, por eso hay tantas bofetadas.
¿Algunos aspectos de la situación actual de Barcelona son trasladables a Madrid?
Madrid es capital. A causa de ello tiene muchos centros de poder, no solo uno. Por lo tanto, ha habido más libertades. En Madrid hay fundaciones, embajadas y dos partidos muy distintos y enfrentados. Y hay más rigor y cabeza.
¿También en el sector cultural?
También. Yo en Madrid he hecho la exposición de Ajoblanco porque me lo han pedido, y en Barcelona no. Y eso que es un producto barcelonés. ¿Cómo lo interpretas? ¿Dónde va a acabar el archivo Ajoblanco?

Eso mismo le iba a preguntar en breve.
Pues acabará en Madrid, como ha acabado el archivo de Carmen Balcells. Porque a Barcelona no le interesa. A Barcelona solo le interesa el relato que ha tomado el poder del dinero público.
El dibujante Nazario me comentaba en una entrevista reciente que, institucionalmente, Barcelona no quiere recordar vuestra época.
Fue una época en la que no estuvo el nacionalismo. Catalunya está secuestrada por unos partidos políticos muy concretos que han creado un relato que tiene poco que ver con lo que realmente sucede y sucedió. Se han apoderado del dinero público y la cultura está subvencionada, con lo cual la cultura es propaganda. Hay mucha propaganda y poca cultura. En este país se lee muy poco y por eso hay muy poca cultura crítica. Mucha gente habla de libros que no ha leído, de obras que no ha visto y de artistas que no conoce. Y la historia se ha manipulado de una forma tremenda. Piensa que, por ejemplo, yo tengo aquí un archivo importantísimo de los setenta, ochenta y noventa, y los únicos investigadores que vienen son latinoamericanos. Españoles no ha venido ninguno. Cuando escribí Los 70 a destajo me pasé por todos los archivos de la ciudad y están todos desiertos. Nadie mira nada. La gente inventa o habla en conversaciones de café.
¿Se puede revertir de alguna manera esta situación que da prioridad al poder del dinero público?
Tendría que haber una descentralización del poder y tendría que existir una economía productiva real, no de servicios. Y volver a recuperar todo lo que es artesanía, pasión por lo que se produce, no por el beneficio que te da. De momento yo no lo veo. Colau puede cambiar ciertas tendencias, pero no creo en la Generalitat. Hay dos comunidades muy distanciadas y una tercera de la que no se habla que es la que no participa, la que calla, la que está al margen. Va a ser cada vez mayor y cada vez se habla menos de ella porque la prensa va dependiendo más y más del dinero público. Yo creo en esta gente, en la gente independiente, en la que no sabemos lo que piensa, en la que no sabemos dónde está. La gente que de repente aparece en Internet o en una librería de barrios extremos. Pero es gente que no hace ruido.
¿Por qué no hace ruido?
No le interesa hacer ruido igual que a mí no me interesa leer los periódicos. Paso. Es efímero, se tiene que hacer un trabajo mucho más de fondo, como se hizo en Ajoblanco. Del segundo Ajoblanco lees cosas ahora que parecen que estén escritas hoy mismo, ya  que están hechas con contexto. A mí me interesa saber de dónde surgen las cosas, dónde están y adónde van. En este momento te cuesta mucho encontrar una buena entrevista. En Jot Down, por ejemplo, son muy superficiales. En todos lados hay un exceso de opinión porque la gente no puede hablar de lo que realmente está pasando. Y lo que realmente está pasando es que en Catalunya hubo un presidente, Jordi Pujol,  que fue jefe de una banda de extorsión de dinero. Punto. Hemos tenido un presidente mafioso y esto no se puede omitir. Y en el pasado hemos tenido otro presidente, quien ha sido muy interesante, que es Pasqual Maragall. Devolvió la dignidad a la ciudad pero desgraciadamente tuvo alzhéimer antes de tiempo y además no lo dijeron. Pasqual Maragall tuvo alzhéimer cuando era presidente de la Generalitat. Punto. Y le metieron todos los goles que pudieron porque la enfermedad ya estaba avanzada. Lo han tapado. ¿Por qué?
¿Por qué nadie lo cuenta en público?
Porque a ese periodista lo sacarían del diario, como me pasó a mí. ¿Por qué yo no escribo en los diarios? Ahora no quiero porque ya no hay diarios, pero durante mucho tiempo sí he querido y no me dejaban. ¿Por qué? Porque digo lo que hay.
¿Y por qué no se juntan los ‘vetados’ y crean un espacio donde contar todo esto?
Porque no hay redes comerciales independientes. Este es el problema. La censura política de los setenta que provocó el franquismo fue vencible. En cambio, la censura económica de ahora es invencible porque tienen todas las redes comerciales tomadas. Si llegas al quiosco, que lo tienes crudo, al final te robarán la cuota de mercado porque la quieren para los grandes grupos. La censura económica es total. Y tal es así, que el mundo del quiosco se está viniendo abajo por culpa de esto. Porque no hay criterio, no hay información. Solo hay poder. El País representa a unos intereses determinados, La Vanguardia a otros, etcétera. No hay un periodismo que no sea de opinión.

Aprecio mucha contundencia en sus palabras.
Yo soy muy radical respecto a esto.
¿Propone alguna solución a esto o mejor huir al extranjero como ha comentado antes?
Hay que esperar. Estamos en un momento muy confuso, pero hay que tener esperanza y esperar. Mientras tanto no puedes hacer nada. Yo intenté sacar Ajoblanco hace un año y medio. Tuvimos una reunión aquí en el archivo, pero no salió bien. Conversamos con gente de Madrid, de Bilbao, de Barcelona, del sur, y cuando estudiamos la posible red comercial, nos encontramos con el tapón. Y el tapón es muy gordo. La subdistribución está controlada por los grandes grupos. El ejemplo está en lo que le pasó a Público. Después tienes La Marea, Diagonal, Tinta Libre o La Directa, pero son productos muy ideologizados. El problema del periodismo español es que está muy ideologizado porque no hay información. Se niegan los datos.
Si no estoy mal informado, ahora está escribiendo un libro sobre los ochenta. ¿Se puede considerar una continuación de 'Los 70 a destajo: Ajoblanco y libertad'?
Sí, más o menos. Tuve la suerte que a finales de los setenta, cuando vi que lo libertario se venía abajo, básicamente por problemas internos —aunque también pasaron muchas cosas en el exterior— me retiré porque observé que era imposible crear una opción imaginativa, colectiva y ecologista. Entonces me fui a Menorca e intenté escribir una novela que no me salió en aquel momento. La época entre los dos Ajoblanco fue una época muy intensa por donde yo viví. Vi la huida de Barcelona al campo y a las comunas ante la falta de posibilidades de hacer el cambio cultural y social; sobre todo cultural. En Menorca aprendí a arar, a escribir, aprendí de la soledad, de la parte mística, de la lectura. No viví en comunas porque antes ya lo había hecho. Luego me fui a Madrid y me encontré la pre-movida. Y vi como el PSOE, a través de la victoria electoral del 79 en los municipios se iba apoderando de todos los pequeños logros que habíamos conseguido en los setenta. Pero también vi cómo la movida en realidad era una reacción aero-punk y no-futuro, más bien un chotis. No tuvo el componente político que tuvieron los setenta libertarios con el centro cultural en Barcelona. Aunque sí lo viví por dentro, no me integré dentro de la movida. Igualmente estuve muy cerca de Cecilia Roth, de Ariel de Tequila —vivíamos en la misma casa— y fui vecino de Quico Rivas, un sevillano que fue el ideólogo de La Movida. También conocía a Olvido, a Alaska, a Almodóvar… pero todo aquello me pareció un pastiche, sobre todo la justificación de la treta socialista y de El País para hacerse con las culturas más marginales y oficializarlas. Y luego viví en Londres y vi la ascensión de Thatcher y Reagan, la Guerra de las Galaxias, la destrucción de los mineros y la histeria del sida. Todo eso es lo que me empujó a hacer el segundo Ajoblanco, sobre todo cuando se partió la intelectualidad española en dos por culpa del Referéndum de la OTAN. Yo quise hacer el segundo Ajoblanco con la gente que venía de fuera, con la gente que se había pasado unos años más o menos en un exilio. El libro abarca del 79 al 87, cuando el mundo deambuló por una etapa muy especial.

domingo, 10 de julio de 2016

No logramos sentirnos como en casa en el mundo, Orhan Pamuk


Orhan Pamuk por Stanislav Krupař
T

anto leer como escribir una novela nos obligan a integrar todo el material que procede de la vida y de nuestra imaginación –el tema, la historia, los protagonistas y los detalles de nuestro mundo personal- con esa luz y ese centro. La ambigüedad de su ubicación nunca es mala; al contrario, es una cualidad que los lectores pedimos, ya que si el centro es demasiado obvio y la luz demasiado intensa, el significado de la novela se revela de inmediato y la lectura deviene algo repetitivo. Al leer novelas de género –ciencia ficción, policíacas, de fantasía, románticas- nunca nos planteamos lo que se preguntó Borges cuando leía Moby Dick: ¿cuál es el verdadero tema?, ¿dónde está el centro? El centro de estas novelas está en el mismo lugar donde lo encontramos en ocasiones anteriores, cuando leíamos otras novelas del mismo tipo. Solo difieren las aventuras, el entorno, los personajes principales y los asesinos. En la novela de género, el tema profundo que la narración debe insinuar de forma estructural no cambia de un libro a otro. Aparte de la obra de unos cuantos escritores creativos como Stanislaw Lem y Philip K. Dick en ciencia ficción, Patricia Highsmith en los thrillers y las novelas de misterio, y John Le Carré en la ficción de espionaje, las novelas de género no despiertan en nosotros la necesidad de buscar un centro. Por este motivo los escritores de tales novelas añaden un nuevo elemento de suspense e intriga a su historia cada pocas páginas. Por otra parte, como no nos consume el esfuerzo constante de plantear preguntas básicas sobre el significado de la vida, nos sentimos cómodos y seguros cuando leemos novelas de género.
De hecho, el motivo por el que leemos tales novelas es para sentir la paz y la seguridad de estar en casa, donde todo nos resulta familiar y se encuentra en el lugar habitual. El motivo por el que acudimos a las novelas literarias, a las grandes obras, donde buscamos una guía y una sabiduría que puedan aportar algo de significado sobre la vida, es que no logramos sentirnos como en casa en el mundo. Realizar esta afirmación es establecer, como hace Schiller, una relación entre un estado psicológico y una forma literaria. El hombre moderno lee y necesita novelas para sentirse como en casa en el mundo, porque su relación con el universo en el que vive se ha visto dañada; y en este sentido, ha efectuado la transición de la ingenuidad al sentimentalismo. Por motivos psicológicos, cuando yo era joven sentía la imperiosa necesidad de leer novelas, así como obras de metafísica, filosofía y religión. Nunca olvidaré las novelas que leí entre los veinte y treinta años, en las que buscaba con frenesí su centro, como si fuera una cuestión de vida o muerte. No solo porque buscaba el significado de la vida, sino también porque estaba forjando y puliendo mi visión del mundo, mi sensibilidad ética, utilizando la perspicacia que encontré en novelas de maestros como Tolstói, Stendhal, Proust, Mann, Dostoievski y Woolf.
Orhan Pamuk