jueves, 2 de junio de 2016

Lettre de Camille Claudel à Auguste Rodin

Juillet 1891




Monsieur Rodin,
Comme je n’ai rien à faire je vous écris encore. Vous ne pouvez vous figurer comme il fait bon à l’Islette.
J’ai mangé aujourd’hui dans la salle du milieu (qui sert de serre) où l’on voit le jardin des deux côtés. Mme Courcelles m’a proposé (sans que j’en parle le moins du monde) que si cela vous était agréable vous pourriez y manger de temps en temps et même toujours (je crois qu’elle en a une fameuse envie) et c’est si joli là !…
Je me suis promenée dans le parc, tout est tondu, foin, blé, avoine, on peut faire le tour partout c’est charmant.
Si vous êtes gentil, à tenir votre promesse nous connaîtrons le paradis. Vous aurez la chambre que vous voulez pour travailler. La vieille sera à nos genoux, je crois.
Elle m’a dit que je [mot manquant: pouvais ?] prendre des bains dans la rivière, où sa fille et la bonne en prennent, sans aucun danger.
Avec votre permission, j’en ferai autant car c’est un grand plaisir et cela m’évitera d’aller aux bains chauds à Azay. Que vous seriez gentil de m’acheter un petit costume de bain, bleu foncé avec galons blancs, en deux morceaux, blouse et pantalon (taille moyenne), au Louvre ou au Bon Marché (en serge) ou à Tours.
Je couche toute nue pour me faire croire que vous êtes là mais quand je me réveille ce n’est plus la même chose.
Je vous embrasse
Camille
Surtout ne me trompez plus.

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