miércoles, 9 de diciembre de 2015

Jean Genet - Le funambule, 1955










Et ta blessure, où est-elle ? Je me demande où réside, où se cache la blessure secrète où tout homme court se réfugier si l’on attente à son orgueil, quand on le blesse ? Cette blessure — qui devient ainsi le for intérieur —, c’est elle qu’il va gonfler, emplir. Tout homme sait la rejoindre, au point de devenir cette blessure elle-même, une sorte de cœur secret et douloureux. Si nous regardons d’un œil vite et avide, l’homme ou la femme* qui passent –le chien aussi, l’oiseau, une casserole- cette vitesse même de notre regard nous révèlera, d’une façon nette, quelle est cette blessure où ils vont se replier lorsqu’il y a danger. Que dis-je ? Ils y sont déjà, gagnant par elle –dont ils ont pris la forme- et pour elle, la solitude : les voici tout entiers dans l’avachissement des épaules dont ils font qu’il est eux-mêmes, toute leur vie afflue dans un pli méchant de la bouche et contre lequel ils ne peuvent rien et ne veulent rien pouvoir puisque c’est par lui qu’ils connaissent cette solitude absolue, incommunicable –ce château de l’âme- afin d’être cette solitude elle-même.








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